Michel Houellebecq - Final de la noche

14 may 2019

Michel Houellebecq - Final de la noche

No hay comentarios. :

Michel Houellebecq - Final de la noche


Al final de la noche, la subida de la náusea es un fenómeno inevitable. Existe una especie de planificación del horror. En fin, no lo sé; lo pienso.

    La expansión del vacío interior. Eso es. Un desmarcarse de cualquier posible acontecimiento. Como si estuvieses suspendido en el vacío por fuerzas magnéticas de monstruosa potencia, equidistante de cualquier acción real.

    Así suspendido, en la incapacidad de asirte a nada concreto en el mundo, la noche podría parecerte larga. En efecto, lo será.

    Será, sin embargo, una noche a salvo; pero tú no apreciarás esa protección. No la apreciarás hasta más tarde, una vez devuelto a la ciudad, una vez devuelto al día, una vez devuelto al mundo.

    Hacia las nueve, el mundo ya habrá alcanzado su nivel total de actividad. Girará dócilmente, con un suave zumbido. Tendrás que tomar parte en él, lanzarte —un poco como se salta a la plataforma de un tren que arranca para salir de la estación.

    No lo conseguirás. Una vez más, esperarás la noche —que, sin embargo, te traerá, una vez más, la extenuación, la incertidumbre y el horror. Y así todo volverá a empezar, cada día, hasta el final del mundo.
 

FIN DE SOIRÉE

En fin de soirée, la montée de l’écœurement est un phénomène inévitable. Il y a une espèce de planning de l’horreur. Enfin, je ne sais pas; je pense. / L’expansion du vide intérieur. C’est cela. Un décollage de tout événement possible. Comme si vous étiez suspendu dans la vide, à équidistance de toute action réelle, par des forces magnétiques d’une puissance monstrueuse. // Ainsi suspendu, dans l’incapacité de toute prise concrète sur le monde, la nuit pourra vous sembler longue. Elle le sera, en effet. / Ce sera, pourtant, une nuit protégée; mais vous n’apprécierez pas cette protection. Vous ne l’apprécierez que plus tard, une fois revenu dans la ville, une fois revenu dans le jour, une fois revenu dans le monde. / Vers neuf heures, le monde aura déjà atteint son plein niveau d’activité. Il tournera souplement, avec un ronflement léger. Il vous faudra y pendre part, vous lancer — un peu comme on saute sur le marchepied d’un train qui s’ébranle pour quitter la gare. / Vous n’y parviendrez pas. Une fois de plus, vous attendrez la nuit qui pourtant, une fois de plus, vous apportera l’épuisement, l’incertitude et l’horreur. / Et cela recommencera ainsi, tous les jours, jusqu’à la fin du monde.

No hay comentarios. :

Publicar un comentario